Il lui en aura finalement coûté son job. Accusé d’avoir agi à plusieurs reprises au profit de l’officine israélienne Team Jorge, à laquelle le consortium de journalistes Forbidden Stories vient de consacrer, le 15 février 2023, une de ses soi-disant “enquêtes”, le présentateur de télévision d’origine marocaine Rachid M’Barki s’est vu licencié par son employeur, la chaîne française BFMTV. Décision prise le 23 février 2023 et relayée par les médias hexagonaux. Selon les mêmes sources, BFMTV a également porté plainte contre X. A l’heure où nous mettions sous presse, M. M’Barki n’avait toujours pas réagi.
Questionné par le journal électronique Politico pour le compte d’un article publié le 2 février 2023 et qui avait été le premier à révéler qu’il faisait l’objet d’une enquête interne, le concerné avait toutefois assuré qu’en dépit du fait qu’il ait “utilisé des infos qui [lui] venaient d’informateurs” et qui n’ont “pas forcément suivi le cursus habituel de la rédaction”, celles-ci “étaient toutes réelles et vérifiées” et qu’il “fai[t] [s]on métier”. Ce qui est notamment le cas du reportage que le Journal de la nuit de BFMTV, qu’il présentait jusqu’à sa mise à pied, avait consacré le 22 juin 2022 au Forum d’affaires Maroc-Espagne et au cours duquel M. M’Barki avait dans son lancement parlé du “Sahara marocain”, que Politico avait taxé d’“expression inhabituelle dans les médias français”.
Mais M. M’Barki s’est également fait reprocher d’autres “contenus suspects” relatifs au Soudan, aux oligarques russes ou encore aux critiques du Qatar. Selon “Forbidden Stories”, il aurait suivi les consignes d’un intermédiaire présumé de Team Jorge, à savoir le consultant média et lobbyiste français Jean-Pierre Duthion, que, dans un portrait qu’il lui avait consacré le 7 février 2023, le quotidien français “Libération” avait dépeint comme “mercenaire de l’info”. Comme nous l’avions cependant souligné dans la couverture que nous avions consacrée à l’affaire (lire n°1473, du 10 au 16 février 2023), un certain nombre d’observateurs voient dans les accusations à l’encontre de M. M’Barki la main des services de renseignements français, qui chercheraient en fait à faire taire toute voix pro-marocaine en France.
Dans son article, Politico avait lui-même renvoyé à des propos tenus en juillet 2019 par M. M’Barki en marge de sa participation au vingtième anniversaire de l’intronisation du roi Mohammed VI, reconnaissant au micro du journal électronique “Le360” qu’il “essaye d’agir à [s]a manière à [s]on petit niveau pour faire briller le Maroc”.