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L’année de la bousculade

 
L’année de la bousculade


L’année de la bousculade

Le caïd Aïssa Ben Omar est une légende à part qui a marqué la mémoire des Abda et de
la ville de Safi. Il est à l’origine du carnage que subiront les Oulad Zid à la fin du XIXe
siècle.

Lorsqu’on évoque les figures des Grands caïds, on les associe souvent au régime du
Protectorat qui les a utilisés comme relais de domination dans des zones de montagnes
(Glaoui, Goundafi, Mtougui), ou dans certaines plaines atlantiques (El Ayyadi, El Abdi). Or, le
phénomène est complexe et sa naissance a précédé l’établissement du pouvoir colonial, avec
des évolutions spécifiques et des événements marquants pour chaque cas. L’ascension de
Aïssa Ben Omar El Abdi est caractérisée, quant à elle, par un événement qui a marqué la
mémoire collective de la ville de Safi, à tel point qu’il est devenu un repère de datation. On dit
‘Am ar-Rafsa, «l’Année de la bousculade», en référant à un massacre qui eut lieu dans la ville
au mois d’octobre 1895 et qui mit fin à la révolte des Oulad Zid contre Aïssa Ben Omar.

Protagonistes

Situons d’abord les protagonistes. Les Oulad Zid constituaient une fraction de la tribu des
Behatra, laquelle faisait partie de la confédération des ‘Abda qui, auparavant, faisaient partie
des Doukkala, à l’origine considérés comme étant les Masmouda du plat-pays. Sans vouloir
faire l’historique de ce schéma tribal, signalons que le caïdat des ‘Abda remonte aux débuts de
la dynastie alaouite ; puis à la suite de la révolte des Behatra contre le caïd des ‘Abda Hamman
Germouni, le sultan Abderrahmane ibn Hicham créa un caïdat autonome des Behatra en 1847
et nomma à sa tête Ahmed ben Aïssa qui fondera ainsi la célèbre famille caïdale. Lui succédera
son neveu Mohammed Ben Omar qui désignera comme adjoint (khalifa) son frère Aïssa Ben
Omar puis, invoquant des raisons de santé, il le proposa pour sa succession en 1879. Aïssa
montra un énorme appétit de pouvoir et de richesses. Il monopolisa les meilleurs pâturages et
entretenait une véritable cour sultanienne en miniature, les traditions makhzéniennes y furent
introduites par son épouse Fatna, une des veuves du sultan Mohammed ben Abderrahmane, et
qui lui fut proposée par Hassan 1er. Avec la fin de l’époque de celui-ci, c’était l’échec de la
réforme administrative qui s’appuya sur les oumana pour limiter les prérogatives fiscales des
caïds. Mais, d’un autre côté, le début du règne du jeune sultan Abdelaziz (1894), associé au
pouvoir du nouvel homme fort Ba Hmad, connut une série de révoltes qui embrasèrent la
région du Haouz, c’est-à-dire les plaines atlantiques.

Par Abdelahad Sebti
Lire la suite de l’article dans Zamane N° 38
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